L’Hôtel de la Chambre sous l’occupation

Histoire parlementaire
Publizéiert le 09.09.2025 à 11h32 Update le 12.09.2025 à 00h05

Les parties précédentes de notre série sur la Chambre et la Seconde Guerre mondiale se sont intéressées à la période de l’invasion jusqu’à la fin progressive de la démocratie. Mais que se passe-t-il avec l’Hôtel de la Chambre, siège du Parlement depuis 1860, pendant l'occupation ? A quelles fins est-il utilisé par les Allemands ?

Images non datées des bureaux de la Chambre des Députés prises après la fuite des Allemands ou après la libération ©Archives nationales du Luxembourg

Début août 1940, l’administration civile allemande s’installe au Luxembourg. Fin août, les partis politiques sont interdits. Le 23 octobre 1940, la Chambre des Députés est abolie. Sous l’occupation, l’Hôtel de la Chambre, lieu des débats politiques depuis 1860, perd sa raison d’être originale. Mais très vite, les Allemands réaffectent le bâtiment à d’autres besoins.

 

Déjà peu avant l’abolition officielle du Parlement, le responsable de l’antenne luxembourgeoise du Reichspropagandaamt, le service de propagande du Reich (RPA), Albert Perizonius, informe la Commission administrative que le RPA reprendra les locaux de la Chambre – y inclus le mobilier1. Le personnel de l’ancienne administration parlementaire affecté au maintien du bâtiment reste à ses postes, tandis que le secrétariat déménage aux Musées de l’État au Marché-aux-Poissons (où se situe le Musée national d’archéologie, d’histoire et d’art aujourd’hui). Quelques documents du RPA, datant de 1943, nous renseignent que le logement du concierge Biewer est situé au dernier étage de l’Hôtel de la Chambre2.

 

Le bâtiment connaît quelques modifications limitées, soit des mesures de précaution en raison de la guerre, soit pour des raisons idéologiques, notamment en recouvrant de peinture les symboles de l’État luxembourgeois à l’intérieur3.

 

Nous ne disposons guère d’informations sur les activités au sein de l’Hôtel de la Chambre en raison du manque d’études sur le RPA au Luxembourg. Or, les livres d’histoire rapportent deux événements qui se sont déroulés à l’ancienne Chambre. Le premier est une Tagung organisée fin novembre 1940, qui sert d’occasion pour les propagandistes nazis d’exposer leur programme culturel, aligné sur l’idéologie nazie4. Le deuxième événement n’a aucun lien avec les activités du RPA. Le 4 ou 5 septembre 1942, les responsables politiques et administratifs nazis s’y sont réunis au sujet de l’état d’urgence proclamé à la suite des mouvements de grève au Luxembourg, comme réaction à l’introduction de l’enrôlement forcé5.

 

Les photos non-datées de la galerie d'images ci-dessous ont probablement été prises après la fuite des Allemands ou après la libération. Elles nous offrent aujourd'hui un aperçu précieux de l'aménagement intérieur de la Chambre à cette époque, ainsi que des transformations opérées par les Allemands, notamment l'installation de l'aigle impérial (Reichsadler) du régime nazi dans la salle des séances plénières.


Références

1ARCHIVES NATIONALES DU LUXEMBOURG (ANLUX), CdD-3187, Lettre d’Albert Perizonius à la Commission administrative, 14 octobre 1940.

2Pour les sources y relatives, voir : ANLUX, CdZ-A-2171.

3ALS Nicolas et PHILIPPART Robert L., La Chambre des Députés : Histoire et lieux de travail, Luxembourg, Chambre des Députés, 1994, p. 82.

4WEHENKEL Henri, Entre chien et loup, Luxembourg, Éditions d’Lëtzebuerger Land, 2017, p. 194.

5ARTUSO Vincent, La collaboration au Luxembourg durant la Seconde Guerre mondiale (1940-1945) : Accommodation, Adaptation, Assimilation, Frankfurt am Main, Peter Lang, 2013, p. 232.

La Chambre des Députés et la Seconde Guerre mondiale : 

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