COP30 à Belém : les députés ont mené des échanges à distance
Joëlle Welfring et Paul Galles ont répondu à nos questions au sujet de leurs échanges avec des représentants du Gouvernement et de la société civile dans le cadre de la 30ᵉ Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30) qui se tient au Brésil.
Cette année, la participation de la Chambre des Députés est particulière, puisqu’elle se fait entièrement à distance.
En 2025, la Chambre des Députés a décidé de ne pas envoyer de délégation sur place à la COP30, contrairement aux COP précédentes lors desquelles le Parlement luxembourgeois était représenté par deux députés présents là où se tenait l’événement.
La raison de cette décision : les prix des hébergements ont explosé sur la période couverte par les événements liés à la COP30, rendant un séjour de plusieurs jours sur place difficilement justifiable.
Cela n’a pas empêché Les députés Joëlle Welfring (déi gréng) et Paul Galles (CSV), qui représentent la Chambre des Députés dans le cadre de la COP30, de suivre les événements de la Conférence et de s’engager à distance afin de faire progresser les dossiers climatiques.
Ils ont notamment pu échanger avec le Ministre de l’Environnement Serge Wilmes, qui se trouve à Belém et participe aux négociations, afin de l’entendre sur l’évolution des discussions et pour lui faire part de la position de la Chambre des Députés. Ils ont également débattu avec des représentants de la société civile qui se trouvent sur place, notamment avec des jeunes luxembourgeois de youth4Climate.
Nous avons interrogé les députés à la suite d’une série d’échanges par visioconférence dans la soirée du 20 novembre, avant la conclusion de la COP30 qui devrait avoir lieu le 21 novembre, mais qui a potentiellement été perturbée par un incendie qui s’est déclaré dans la « Blue Zone » de la COP30.
Comment avez-vous vécu le fait de suivre cette COP30 à distance ?
Joëlle Welfring :
C’est autre chose de suivre cela à distance que de pouvoir s’impliquer sur place en rencontrant les nombreuses personnes qui viennent s’engager pour la protection du climat. Mais on peut tout de même œuvrer à distance. Nous avons agi concrètement en tant que Chambre, nous avons écrit des lettres à la Présidence de la COP30, au Sénat et au Parlement brésiliens afin d’encourager une inclusion des peuples autochtones aux négociations pour la protection des forêts tropicales. Nous venons aussi de mener des échanges avec l’équipe du Gouvernement qui négocie sur place afin de leur transmettre nos positions.
Paul Galles :
C’était spécial. D’une part j’étais un peu triste car le Brésil est pour moi une sorte de seconde ou troisième patrie. J’y suis très souvent, je suis un grand admirateur de la forêt tropicale. Je connais les enjeux politiques internes du Brésil. Le combat contre la pauvreté, pour le climat. Ce sont des situations très difficiles, je voulais aller sur place pour m’en rendre compte.
Mais nous avons fait au mieux selon la situation en tant que Chambre. Nous avons simplement décidé que les hébergements étaient trop chers. Mais nous avons pu participer aux échanges à distance et nous avons reçu les informations dont nous avions besoin grâce aux échanges directs avec le Ministre de l’Environnement et les jeunes présents sur place.
La résolution sur les droits des peuples autochtones adoptée à la Chambre des Députés :
Les négociations climatiques semblent devenir plus difficiles au fil des COP. Gardez-vous espoir ?
Joëlle Welfring :
Oui bien sûr. Il faut continuer à travailler. Je pense que les rencontres comme la COP30 sont toujours importantes même si les espoirs sont toujours élevés mais ne sont jamais satisfaits. Il est important de réunir les décideurs une fois par an afin de faire émerger des solutions. Ce sont parfois de petits pas, mais cela reste des avancées, et c’est très important pour que le sujet du climat reste central.
Il semble qu’il y ait une autre ambiance et un autre engagement sous la direction du Président brésilien Lula. Cela donne espoir que quelque chose se fasse. On voit l’importance du fait que les bonnes personnes soient présentes et s’impliquent. Lula a la sensibilité nécessaire pour s’engager pour les personnes économiquement plus faibles comme les peuples autochtones et d’autres catégories de population. Le plan demandé par de nombreux pays pour sortir des énergies fossiles, si son exécution fait partie de la décision globale, sera une avancée. C’est quelque chose qui donne de l’espoir.
Paul Galles :
Oui, je garde espoir depuis plusieurs années. La dynamique était prévisible. Après la COP21 qui a donné lieu aux Accords de Paris, les choses allaient devenir plus difficiles. Car tous les pays sont désormais sous pression pour montrer la manière dont ils remplissent leurs engagements. L’Accord de Paris a mené à ce que nous ayons des objectifs concrets et on nous rappelle en permanence qu’il faut se tenir à ces engagements. Et tous les pays ne le font pas. Alors il y a des négociations. Des positions contraires. Je vois cela depuis des années. C’est épuisant, cela coûte beaucoup d’énergie.
Mais il y a deux éléments qui me donnent de l’espoir.
D’abord, la Présidence brésilienne est d’une grande qualité. Elle est bien préparée, elle sait comment on dialogue avec les gens. C’est différent de ce qui fut le cas aux éditions récentes.
Deuxièmement, nous avons compris ces dernières années que tous les enjeux politiques que l’on veut faire avancer doivent être pensés de manière économique. Les avancées ne doivent pas affaiblir l’économie. Tous les pays luttent pour leur économie. Et je pense que la COP est bien équipée, avec des instruments adaptés pour atteindre les objectifs économiques et climatiques ensemble.
Quelle est l’importance de l’engagement des jeunes ?
Joëlle Welfring :
C’est d’une importance centrale. Je suis heureuse que trois lycées luxembourgeois soient représentés à la COP30 en plus des délégués officiels des jeunes qui ont pu participer aux négociations. L’expérience qu’ils transmettent aux jeunes avec lesquels ils sont en contact ici est très importante, afin qu’ils voient que malgré les doutes, quelque chose est en train de se faire. Et que si des gens se mobilisent, ce qui a été le cas à Belém, où les gens ont été dans la rue, cela exerce une influence sur les négociations. Qu’on peut faire bouger les choses, si on s’engage.
Paul Galles :
C’est vraiment essentiel. Les jeunes nous rappellent, à nous qui sommes un peu moins jeunes, ce qui est important. Il s’agit d’enjeux qui touchent plusieurs générations. On dit souvent que les jeunes sont l’avenir, c’est incomplet. Ils sont aussi le présent, avec nous. La planète est notre bien commun. Mais ils y resteront plus longtemps. Cela signifie qu’ils exigent de nous que nous pensions dès aujourd’hui à demain et à après-demain. Cette dimension manque parfois dans d’autres champs politiques, et est très forte ici. Je suis super content qu’autant de jeunes luxembourgeois soient engagés.
La COP30 et les enjeux climatiques avaient fait l’objet d’un débat à la Chambre des Députés le 29 octobre 2025 (en luxembourgeois)
Un débat sur les conclusions de la COP30 se tiendra prochainement à la Chambre des Députés.