Vers une stratégie nationale de la conduite automatisée : cinq cas prioritaires

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Publizéiert le 23.10.2025 à 11h21 Update le 23.10.2025 à 11h21

Un projet de loi visant à encadrer la conduite automatisée n’a pas encore été déposé, mais il devrait l’être au cours de l’hiver. En attendant, les Ministres Lex Delles (Économie) et Yuriko Backes (Mobilité) ont présenté la stratégie nationale que le gouvernement s’est donnée en la matière.

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Face aux membres des commissions parlementaires, les deux Ministres ont souligné la volonté du Luxembourg de se positionner au sein de l’Union européenne comme un acteur de référence dans le domaine de la conduite automatisée. L’objectif est d’en faire un pilier de la diversification économique du pays, tout en attirant de nouveaux talents. La vision commune des deux ministères repose sur la création d’un cadre juridique adapté, une approche responsable et progressive, et le maintien de l’humain au cœur du processus. Les Ministres ont également rappelé que la conduite automatisée n’est plus une perspective futuriste, mais une réalité déjà présente.

 

Cette technologie représente de nombreuses opportunités — amélioration du trafic, renforcement de la sécurité routière, création de nouveaux emplois — mais suscite aussi certaines inquiétudes parmi la population. C’est pourquoi, selon Yuriko Backes, il est essentiel de communiquer de manière ouverte et transparente. L’objectif final est de mettre en place « un cadre légal pour une mobilité de confiance ».

Cinq cas d’utilisation prioritaires

Les deux ministères ont identifié cinq domaines d’application de la conduite automatisée, dans une démarche structurée, évolutive et maîtrisée : 

  1. Les robotaxis pour des services de transport à la demande sans conducteur 
  2.  les « navettes last mile » - navettes automatisées intégrées au réseau de transport public
  3. Le valet parking et les sites à circulation restreinte – automatisation des manœuvres dans les environnements contrôlés 
  4. Le secteur de la logistique automatisé pour répondre aux défis de transport de marchandises
  5. Le pilotage automatique sur autoroute – afin de renforcer la sécurité sur les grands axes.

 

Enjeux éthiques, sociaux et infrastructurels

Au cours des discussions, plusieurs députés ont soulevé la question de l'éthique et de la responsabilité en cas d’accident. Les Ministres ont reconnu de ne pas avoir encore entièrement traité tous ces aspects. Ils ont néanmoins rappelé que des études existantes montrent une diminution du nombre d’accidents liée à la conduite automatisée. Les députés ont souligné que ces résultats doivent être mis en perspective avec le nombre actuel de véhicules automatisés sur le réseau routier. 

 

Des questions ont également porté sur l’impact social, notamment sur les emplois potentiellement concernés. Les Ministres ont insisté sur le fait que le déploiement de la conduite automatisée sera progressif et qu’il ne provoquera pas une disparition soudaine des emplois. Ils ont aussi rappelé la pénurie actuelle de main-d’œuvre dans certains secteurs et souligné l’importance de la formation continue, à travers des programmes d’upskilling et de reskilling menés en collaboration avec l’ADEM. En outre, ils ont ajouté d'être en dialogue avec les syndicats et l’Université du Luxembourg (notamment pour recruter de nouveaux talents tels que des ingénieurs, des chercheurs, etc.)  

 

Enfin, la question des infrastructures a également été abordée. Les deux Ministres ont reconnu qu’il faudra adapter et développer certaines infrastructures, tout en précisant qu’aucun changement fondamental n’est prévu à court/moyen terme. Plusieurs députés ont encouragé la création de synergies transfrontalières au sein de la Grande Région, afin d’assurer l’interopérabilité des systèmes. Une approche saluée par les deux membres du gouvernement, qui ont toutefois insisté sur la nécessité de ne pas attendre la réglementation européenne (ou autre coopération transfrontalière) et de se doter d’un cadre national dès à présent, afin de pouvoir s’aligner progressivement sur les standards européens. L’ambition du gouvernement est claire, ont-il-encre rappelé : faire du Luxembourg un précurseur en matière de conduite automatisée.