Échange autour du plan d'urgence pour la sécurité d'approvisionnement en gaz naturel

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Publizéiert le 24.10.2022 à 18h20 Update le 25.10.2022 à 15h44

Des réponses graduées et des « clients protégés » en cas de crise d’approvisionnement :  les détails des mesures prévues dans le plan d'urgence du gouvernement concernant l’approvisionnement en gaz naturel ont fait l’objet d’un échange entre les députés de la Commission de l'Environnement, du Climat et de l'Énergie et le ministre de l’Énergie Claude Turmes.

« Nous ne souhaitons pas contrôler la consommation des gens à la maison » a affirmé le ministre de l’Énergie Claude Turmes lors de l’échange de ce lundi 24 octobre avec les députés. Le plan du gouvernement prévoit ainsi une approche graduelle selon la sévérité de la crise.  Si la situation devient difficile, ce sont en priorité les industriels qui devront adapter leurs modes de consommation de gaz. Suite à une demande de précisions des députés, le ministre a notamment évoqué la mise en place d’une « bourse d’échanges », afin de permettre aux industriels de s’entendre sur leur utilisation de gaz. Le ministre a cité l’exemple d’entreprises qui ont la capacité structurelle de changer leur mode de consommation en passant du gaz au mazout et ainsi de libérer des volumes pour d’autres acteurs.

 

Les députés ont voulu savoir ce qui se passerait concrètement si ces mesures volontaires ne suffisaient pas. La prochaine étape si la situation devenait critique, selon l’équipe du ministre, serait l’introduction d’un règlement grand-ducal contraignant, et le cas échéant de coupures.

 

Un plan par niveau d’urgence et par catégories de « clients »

 

Le plan d’urgence luxembourgeois, dont une présentation est disponible en téléchargement sur le site du gouvernement, prévoit des mesures par niveau de sévérité d’une potentielle crise d’approvisionnement.

 

La politique de confinement de la Chine et son absence en tant que consommateur ont rendu le marché du gaz temporairement plus favorable

Claude Turmes

 

Trois niveaux de gravité sont prévus (Alerte précoce, alerte et urgence) allant de mesures de vigilance à une coupure de l’approvisionnement en gaz pour les usages de certaines catégories de consommateurs. Pour l’instant, ce sont des mesures du premier niveau qui sont appliquées, dont un suivi renforcé de la situation et une campagne de sensibilisation.

 

Le plan prévoit également 4 catégories de « clients ». Cela va des entreprises consommant un grand volume de gaz aux particuliers. Le document contient aussi la notion de « clients protégés », dont font partie les clients résidentiels et les services essentiels comme les services de soins et de santé, d’urgence ou de sécurité. Les mesures du plan visent à éviter d’avoir à limiter l’approvisionnement en gaz de ces usagers. Ceux-ci peuvent néanmoins « contribuer à la réduction de la consommation », comme toutes les autres catégories de consommateurs.

 

Ne pas se laisser aveugler par une situation actuellement stable

 

Claude Turmes a dressé un tableau global de la situation actuelle en matière de l’approvisionnement en gaz. Au sujet de l’obligation européenne de remplir les stocks, il a parlé d’une « réussite » de l’action politique, qui a permis de faire retomber les prix du gaz. Cela, combiné à des températures clémentes et à l’application de l’objectif d’économie de 15%, fait que la situation est actuellement stable.

 

Le ministre de l’Énergie a cependant appelé à ne pas perdre de vue certains facteurs. Il a notamment cité le fait que la Chine n’avait pas été cette année un acteur aussi présent que d’accoutumée sur le marché de l’énergie, notamment à cause de sa politique de confinements massifs. Il n’est donc pas certain, selon Claude Turmes, que l’Europe réussira à se préparer à l’hiver aussi efficacement dans un an. Une perspective positive reste, toujours selon le ministre, l’introduction d’un système d’achats groupés européens de gaz, sur lesquels les pays membres de l’UE se sont récemment accordés.

 

Interrogé sur le fait de savoir s’il serait envisageable qu’un approvisionnement en gaz se refasse un jour auprès de la Russie, Claude Turmes a affirmé que la situation politique était trop imprévisible pour pouvoir spéculer à ce sujet.