L'Europe face aux défis de sécurité, de compétitivité et de commerce

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Publié le 02.12.2025 à 09h32 Mis à jour le 02.12.2025 à 09h32

La présidence danoise a clos sa dimension parlementaire par une dernière rencontre à Copenhague, du 30 novembre au 2 décembre 2025. Cette réunion a notamment rassemblé en plénière pour la 74e édition les membres la Conférence des Organes Spécialisés dans les Affaires de l'Union (COSAC). Les parlementaires ont débattu de la place de l'Europe face aux mutations mondiales, de la politique commerciale commune, de la croissance durable et des perspectives d'élargissement de l'Union. Une table ronde avec M. Christophe Hansen, commissaire européen à l'Agriculture et à l'Alimentation, a porté sur la transition écologique du secteur agroalimentaire européen dans une perspective de compétitivité.

La délégation luxembourgeoise était conduite par M. Gusty Graas, président de délégation, accompagné de MM. Franz Fayot et Tom Weidig.

COSAC plenary - Copenhague
De gauche à droite : M. Franz Fayot, M. Gusty Graas, M. Tom Weidig, membres de la délégation luxembourgeoise auprès de la COSAC

« Le statu quo n’est pas une option »

L'Europe ne peut se permettre de rester immobile. Telle est la conviction portée par Marie Bjerre, ministre danoise des Affaires européennes, en introduction de la première session consacrée à la place de l'Europe dans un monde en mutation.

La voie tracée par la présidence danoise repose sur la nécessité d'accomplir des avancées concrètes en matière de sécurité, de compétitivité et de transition écologique. L'élargissement, pilier stratégique d'une Europe tournée vers l'avenir, constitue un autre axe majeur de l'actuelle présidence.

Gusty Graas, président de la délégation luxembourgeoise, a souligné que peu de thématiques ont autant dominé les débats que la compétitivité et la sécurité de l'Union européenne. Face à une situation sécuritaire qu'il juge la plus tendue depuis 1945, le député a insisté sur la nécessité de préserver la force économique européenne à l'échelle mondiale et de garantir notre capacité de défense. 

Les négociations en cours pour une paix possible en Ukraine rappellent que la paix en Europe ne peut plus être tenue pour acquise. Dans ce contexte, M. Graas a appelé à concrétiser sans délai l'ambition d'une autonomie stratégique européenne. Les progrès en matière de défense commune se heurtent encore trop souvent à des obstacles, à savoir des procédures complexes, des barrières institutionnelles ou encore des réflexes nationalistes.

Le député Tom Weidig a plaidé pour des politiques pragmatiques susceptibles de rassembler au-delà des sensibilités culturelles. Selon ses dires, « pour être forts face aux incertitudes, nous nécessitons des sociétés fortes et stables ». Il a plaidé pour une politique d'immigration fondée sur des visas de travail et pour la garantie de la liberté d'expression pour tous, de l'extrême gauche à l'extrême droite, sans censure d'opinions par leur qualification en discours de haine.

Le parlementaire luxembourgeois a également évoqué des questionnements sur les dispositifs de diversité, d'équité et d'inclusion, ainsi que sur le niveau d'intervention dans l'économie de marché. Il a insisté sur la nécessité de maintenir l'ouverture des médias traditionnels à tous les points de vue afin de regagner la confiance des citoyens. M. Weidig a terminé son intervention en appelant à travailler ensemble pour réduire les divisions et renforcer l'Europe face à l'incertitude mondiale.

« Pour l'Europe : le commerce, c'est la prospérité, c'est l'emploi »

La deuxième session, consacrée à la politique commerciale de l'Union, a mis en lumière un double impératif : diversifier les partenariats commerciaux européens tout en préservant l'alignement sur les règles de l'Organisation mondiale du commerce.

M. Maroš Šefčovič, commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique, a rappelé que le commerce constitue un pilier fondamental de la prospérité et de l'emploi en Europe, la moitié du PIB européen étant directement liée aux capacités d'import-export. L'UE conserve sa place de premier acteur commercial mondial, devant les États-Unis et la Chine. Face à la nouvelle approche commerciale de Washington, l'Europe doit négocier avec fermeté. Pour le commissaire européen, l'accord conclu avec les États-Unis a contribué à restaurer certitude et stabilité. Au-delà de ce partenariat crucial, les intervenants ont appelé à réduire les dépendances stratégiques, à diversifier les chaînes d'approvisionnement et à investir massivement dans les technologies vertes et numériques, indispensables pour préserver la compétitivité européenne.

Franz Fayot, membre de la délégation luxembourgeoise, a porté un regard nuancé sur l'accord conclu avec les États-Unis, estimant qu'il ne constitue ni un moment de fierté, ni une véritable démonstration de force européenne. Le député a souligné la volatilité croissante du partenaire américain dans les relations commerciales transatlantiques.

Selon M. Fayot, il serait toujours une erreur de compromettre le multilatéralisme et l'ordre international fondé sur des règles. Il a plaidé pour que les accords commerciaux deviennent des instruments efficaces au service de la promotion des valeurs européennes, de la protection de l'environnement et des droits sociaux.