Le cadre du « Large Scale testing » était-il surdimensionné ?

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Publié le 30.06.2025 à 22h15 Mis à jour le 30.06.2025 à 22h36

Le choix du prestataire pour mener les campagnes de test de masse (« Large scale testing ») pendant la pandémie Covid-19 était une question centrale au cours de l’échange de vues entre les membres de la Commission de l’Exécution budgétaire et les responsables de la Direction de la Santé ce lundi 30 juin 2025. 

La discussion s’inscrit dans une série d’entrevues pour donner suite à un rapport spécial de la Cour des comptes sur les dépenses engendrées par le « Large Scale Testing » (LST) qui se chiffrent au total à 134 millions d’euros. D’autres questions ont concerné les tarifs, le suivi de la performance des campagnes de test ou encore leur dimensionnement.

Les procédures de marché public qui ont mené au choix de l’acteur – un des trois laboratoires actifs au Luxembourg – pour réaliser les trois phases du dispositif du testing à grande échelle ont été au cœur des questions des députés aux représentants de la Direction de la Santé. Cette dernière était responsable de la gestion du LST lors de la 2e et de la 3e phase (de septembre 2020 à septembre 2021). 

La première phase (d’avril à septembre 2020) avait été lancée par le Ministère de la Recherche et le Luxembourg Institute of Health, dont les représentants ont répondu aux questions de députés lors d’une dernière réunion mi-juin.

 

Le Directeur de la Santé a confirmé ne pas avoir été impliqué dans le choix de l’acteur pour la première phase. Par la suite - et notamment suite à l’annulation du marché pour la phase 2 - la Direction de la Santé s’est appuyée sur un conseil juridique externe. Les acteurs ont eu recours à une procédure négociée. Les députés ont interrogé les représentants de la Direction de la Santé sur un certain nombre de décisions ponctuelles, pointées dans le rapport spécial de la Cour des comptes.

Des infrastructures surdimensionnées ?

L’infrastructure du LST était-elle surdimensionnée, comme le conclut la Cour des comptes dans son rapport spécial ? En réponse, le Directeur de la Santé a rappelé le contexte de la gestion de la pandémie aux députés, l’arrivée de nouvelles vagues d’infections et de variantes plus ou moins pathogènes. En raison de ce phénomène, le choix a été fait de « prévoir large » puisque l’objectif était de mettre des volumes suffisants en place pour pouvoir couvrir des périodes de pic et « non une moyenne », a affirmé le Directeur de la Santé. Les estimations ont dû être réalisées en amont et ne devaient pas se baser sur des moyennes, mais anticiper des pics, a-t-il ajouté, une approche de dimensionnement en amont, validée par la Commission européenne, selon les propos tenus en commission parlementaires. 

 

Si la Cour des comptes a trouvé des capacités en trop au cours de son analyse, la Direction de la Santé a également rappelé des périodes de « forte incidence » et de surcharge, pendant lesquelles les tests diagnostiques ont dû être privilégiés.

Des divergences « minimales » entre les statistiques 

Les députés se sont également intéressés aux tarifs pratiqués lors du LST ainsi qu’à la méthode du pooling permettant l’analyse groupée des résultats. Est-ce plus couteux ? Les prix, selon les représentants de la Direction de la Santé, dépendent de la prévalence du virus.

 

Comment expliquer un certain nombre de discordances entre les chiffres du LST et du « contact tracing »? Certaines divergences, « minimales » aux yeux des responsables de la Direction, s’expliquent par le fait que bon nombre de personnes identifiées comme étant « cas contact » d’une autre personne atteinte du virus ont plutôt utilisé une invitation au « Large scale testing » que de se rendre dans un laboratoire pour procéder à un test diagnostique.

 

Pourquoi le Luxembourg n’a plus eu recours aux aides européennes au bout de la première phase ? Les autorités ont choisi « la voie de la prudence », ont expliqué les représentants de la Direction de la Santé. Les députés comptent élucider ces informations auprès des acteurs du Ministère de l’Économie, responsable pour la gestion de tels subsides.

Quelles suites pour le rapport de la commission parlementaire ?

La quasi-totalité des points abordés en commission parlementaire se trouve également dans une partie contradictoire du rapport spécial réalisé par la Cour des comptes. L’entrevue avec les membres de la direction de la Santé fait suite à des échanges avec d’autres acteurs impliqués dans la gestion du projet, le Ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur et le Luxembourg Institute of Health (LIH) en vue de l’élaboration d’un rapport de la commission parlementaire. 

 

Les deux députées membres de la commission Stéphanie Weydert (CSV) et Sam Tanson (déi gréng) sont co-rapportrices. Lors d’une prochaine réunion, les membres devraient se prononcer sur la question de savoir quelle suite sera réservée à ce rapport.