Défense : rester "réaliste"
Deux pourcents. C’est un chiffre qui a fait l’objet de beaucoup de discussions depuis le début du conflit en Ukraine le 24 février. Il s’agit du seuil en dépenses destinées à la défense par rapport au produit intérieur brut (PIB) que les membres de l’Alliance atlantique (OTAN) sont appelés à atteindre. Ce seuil est censé correspondre à l’effort nécessaire pour maintenir l’OTAN en mesure d’assurer la protection de ses membres.
Le Luxembourg n’atteint pas cet objectif. Les dépenses du Luxembourg s’élèvent à 0,57% de son PIB pour la défense en 2021. Cela représente 464 millions d’euros répartis entre la Direction de la Défense, l’Armée et d’autres projets, comme les satellites ou l’avion militaire A400M. Cela fait du Luxembourg le pays qui, proportionnellement, dépense le moins dans ce contexte. Il se place juste derrière la Belgique (1.02% de son PIB). Le pays qui dépense proportionnellement le plus est la Grèce (3,82% de son PIB).
Un PIB trop élevé
Le Ministre de la Défense a évoqué le fait qu’une augmentation progressive est prévue, avec un objectif de 0,72% du PIB pour la défense à l’horizon 2024. François Bausch a cependant affirmé, devant les députés, que l’objectif des 2 % n’était pas réaliste pour le Luxembourg. Pour justifier cette ligne, le Ministre met en avant plusieurs éléments.
Le PIB du Luxembourg serait ainsi si élevé (2,66 fois plus haut que la moyenne de l’UE), affirme le Ministre, que la somme que cela représenterait serait disproportionnée si l’on en dépensait 2 % pour la défense. Le pays ne serait pas matériellement et humainement en mesure de gérer cette augmentation de façon efficace, vu la taille de sa force armée. Pour illustrer son propos, François Bausch a utilisé l’exemple suivant : à 2% du PIB, le budget de la défense luxembourgeoise (1.000 militaires) correspondrait à 1/3 du budget de la défense belge (25.000 militaires).
Il a également ajouté que cet argent ne pouvait pas simplement être « donné » pour des projets à l’étranger, car ces dépenses ne seraient pas prises en compte dans la méthode de calcul de l’OTAN.
Le Ministre a évoqué le fait que le calcul en fonction du PIB était un instrument qui lui paraissait inadapté. Il plaide pour la prise en compte des efforts de prévention des conflits, méthode de calcul qui serait plus favorable au Luxembourg.
Une approche « réaliste »
Les députés ont globalement approuvé l’approche du Ministre et partagé son sentiment selon lequel la dimension de la coopération devait être davantage prise en compte et qu’une augmentation à 2% n’était pas crédible. Un objectif d’augmentation à 1% a cependant été évoqué par un député de l’opposition. Une députée de la majorité, qui a affirmé partager l’argumentaire du Ministre de la Défense, a cependant souligné qu’elle n’était pas sûre que cette logique soit entendue par les autres membres de l’OTAN.
Le positionnement des autres pays sera, selon les députés, intéressant à observer dans ce contexte. L’Allemagne, qui a drastiquement augmenté son budget en débloquant une enveloppe de 100 milliards d’euros et souhaite dépasser les 2% de son PIB, a notamment été évoquée pendant les échanges.
Le prochain sommet de l’OTAN aura lieu à Madrid en juin 2022. Le Luxembourg doit recevoir la session de printemps de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN en 2023.