La conjoncture luxembourgeoise reste fragile

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Publié le 11.11.2025 à 16h16 Mis à jour le 11.11.2025 à 16h17

Les députés ont reçu en Commission des Finances des représentants de l’Institut national de la statistique et des études économiques (STATEC), menés par leur Directeur Tom Haas, afin de les entendre au sujet de la situation conjoncturelle et des prévisions pour l’économie du Grand-Duché dans le cadre de leurs travaux sur le projet de budget 2026 et sur le projet de budget pluriannuel. 

Certains indicateurs se stabilisent, dans des domaines comme la construction ou l’emploi, mais les perspectives d’amélioration restent limitées à l’horizon 2029. 

L’économie luxembourgeoise affiche trois trimestres consécutifs de croissance, mais de nombreux indicateurs économiques restent fragiles. C’est ce qui ressort de la note de conjoncture du STATEC, présentée aux députés de la Commission des Finances ce mardi 11 novembre.

 

Dans ses prévisions, le STATEC table sur une reprise progressive de l’économie luxembourgeoise, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) en volume de 1 % en 2025, de 2 % en 2026 et qui progresse ensuite de manière modérée, jusqu’à 2,4 % en 2029. 

 

Pour l’emploi, le STATEC évoque une dynamique qui peine à se rétablir avec une progression de 1 % en 2025 et qui augmenterait graduellement vers une croissance de 2 % à l’horizon 2029. Les représentants du STATEC ont évoqué une amélioration ces derniers mois sur les services non financiers, les intérimaires, dans l’Horeca et dans les transports. 

 

Cela serait encourageant, avec un secteur de la construction qui tirerait moins vers le bas que lors des trimestres précédents et l’amorce d’une stabilisation. La croissance de l’emploi serait cependant encore trop faible pour impacter le chômage, qui s’établit à 6 % en 2025. Un recul progressif à 5,1 % à l’horizon 2029 est cependant prévu, notamment en raison du ralentissement de l’augmentation de la population active. 

 

Le secteur de la construction reste faible

 

Les députés se sont particulièrement intéressés à plusieurs indicateurs, dont celui du secteur de la construction et de la vente de logements. Dans la construction, la confiance s’améliorerait un peu, ont affirmé les représentants du STATEC, même si le secteur ne s’est pas entièrement remis de crises successives. On constaterait une reprise des transactions dans l’immobilier. Il s’agirait d’un signal positif, mais cela se concentrerait sur les logements existants et non les logements neufs ou en vente en l'état futur d'achèvement. On constaterait également une reprise des crédits immobiliers, mais cela serait en partie dû à des renégociations plutôt qu’à de nouveaux crédits.

 

De manière générale, les représentants du STATEC ont affirmé, en réponse aux questions des parlementaires, que le secteur de la construction reste faible, mais qu’il ne se dégrade plus. On ne pourrait cependant pas à ce stade parler de reprise. 

 

Les impacts de la taxe CO₂ sur les émissions sont-ils prévisibles ?

 

Un autre point qui a retenu l’attention des députés est celui de la trajectoire des émissions de CO₂ présentée dans les prévisions du STATEC. Les données tablent sur des émissions globales situées entre 6000 et 7000 kilotonnes de CO₂ en 2025 et 5000 kilotonnes en 2029. Cette diminution serait liée aux évolutions dans les transports, avec une augmentation de la taxe CO₂ et des prix luxembourgeois moins compétitifs sur les carburants, mais aussi à une diminution des émissions hors secteur des transports. 

 

Les députés ont voulu savoir si les représentants du STATEC disposaient de plus de détails en ce qui concerne les émissions de CO₂ si le gouvernement décidait d’un ralentissement de l’augmentation progressive de la taxe CO₂. Tom Haas a affirmé dans ce contexte que les prévisions présentées aujourd’hui tablaient sur une augmentation continue de la taxe CO₂.

 

De nombreux facteurs pourraient cependant encore changer la donne, dont la réaction des consommateurs étrangers de carburant, ou encore l’interaction entre la taxe CO₂ luxembourgeoise et les quotas d’émission européens ETS2. Le STATEC continuera à surveiller ces évolutions de manière assidue, a-t-il affirmé. 

 

Autre point abordé : celui de l’inflation. Celle-ci repasserait au Luxembourg au-dessus de celle de la zone euro en 2025. Cela s’expliquerait par la remontée des prix de l’énergie et le fait que les boucliers tarifaires sur l’électricité aient été abolis plus tard au Luxembourg que dans d’autres pays de la zone Euro.

 

Une étude sur les impacts de l’intelligence artificielle sur l’emploi en décembre 

 

Les députés ont interrogé les représentants du STATEC au sujet de leur vision sur les impacts potentiels de l’IA sur l’économie luxembourgeoise. Tom Haas a affirmé que, du fait de notre économie de services, l’IA pouvait avoir un impact considérable, mais que personne ne pouvait dire à l’heure actuelle s’il serait positif ou négatif. 

 

Le Directeur a affirmé qu’une étude sur ce sujet précis était en cours d’élaboration au STATEC et qu’elle serait mise à disposition du public en même temps que la note de conjoncture du STATEC le 9 décembre.