Le modèle de la francophonie pour contrer l’unilatéralisme
Les membres du Bureau de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) se sont réunis à Can Tho, au Vietnam, les 23 et 24 janvier 2025, à l’invitation de la section vietnamienne. Au programme de leurs discussions : les défis politiques dans le monde francophone, le rôle de la francophonie face aux bouleversements de l’ordre mondial, et l’élaboration d’un corpus législatif sur la budgétisation sensible au genre. L’ordre du jour comprenait également la présentation du projet de budget pour l’année 2025, une responsabilité confiée au trésorier Mars Di Bartolomeo.

La francophonie dans l’ordre mondial
Face aux bouleversements de l’ordre mondial, marqués par une multiplication des crises, des guerres et des visions unilatérales autoritaires, le rôle de la francophonie revient au cœur du débat politique. Le délégué général, Bruno Fuchs, appelle à une réinvention de ce modèle multilatéral, menacé par la montée des rapports de force et la déstabilisation des institutions comme l’ONU. À travers une coopération renforcée avec la société civile, la francophonie se veut une école de dialogue, défendant un modèle au service des citoyens et résistant à la loi de la force.
Mars Di Bartolomeo a enrichi le débat en rappelant que la francophonie, par essence multilatérale, transcende les frontières nationales et reflète un idéal universel. Il a souligné l’importance du devoir de mémoire, évoquant le Vietnam, marqué par des guerres impériales, mais devenu un exemple de résilience et de développement. Ce devoir, selon lui, doit guider notre attitude face aux crises actuelles, notamment celles qui naissent de nos propres failles politiques et fragilisent la crédibilité des institutions démocratiques, ouvrant la voie aux populismes et aux extrémismes. Le trésorier de l’APF a également mis en garde contre le risque que le multilatéralisme devienne la victime de l’égoïsme de dictateurs ou d'adeptes de démocratures. Alors que le monde renoue avec une dangereuse course aux armements, il a insisté sur la nécessité de défendre les principes démocratiques, la justice sociale et les libertés fondamentales, tout en assumant nos responsabilités dans les conflits mondiaux. « Restons confiants et déterminés », a-t-il conclu, appelant à une réponse ferme et résolue face aux dérives autoritaires.
Les situations politiques fragiles
Cinq pays, à savoir la Syrie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et Haïti, sont actuellement suspendus des activités de l’APF. Une attention particulière sera accordée dans les mois à venir à la situation à Damas, marquée par un récent changement de régime. Christophe-André Frassa, président de la commission politique, a rappelé que les mécanismes de vigilance démocratique, renouvelés en avril 2024 à Luxembourg, intègrent désormais un statut de transition. Ce nouveau cadre s’applique au Gabon, à la Guinée et au Tchad, qui ont manifesté leur volonté de respecter un calendrier de transition, permettant ainsi un dialogue avec les organes de l’Assemblée. La République centrafricaine reste toutefois sous surveillance en raison du report des élections locales à avril 2025, bien que Christophe-André Frassa salue l’adoption d’une nouvelle loi sur la protection des défenseurs des droits de l’homme. Pour terminer son analyse, le Bureau de l'APF a décidé d’organiser une mission parlementaire à Luanda, Kinshasa et Kigali pour renforcer son accompagnement face à la crise persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Le budget 2025
En sa capacité de trésorier, Mars Di Bartolomeo, a présenté un projet de budget pour le fonctionnement de l’Assemblée pour l’année 2025. Celui-ci suit une structure revue de sorte à en faciliter sa lisibilité. Il s’agit d’une budget innovant et moderne, reprenant des dépenses et recettes saines et équilibrées. L'architecture budgétaire, entièrement repensée, sépare désormais distinctement les flux financiers des réserves de trésorerie, conformément aux standards comptables les plus exigeants. Point notable de ce nouvel exercice : un investissement significatif dans la communication visant à amplifier le rayonnement des travaux de l'Assemblée, ainsi qu'un renforcement substantiel des moyens alloués à la diplomatie parlementaire, pilier essentiel du plan stratégique 2023-2030. Les comptes annuels 2024 seront validés lors de la 50e session plénière, qui se tiendra dans la capitale française en juillet prochain.