Budget 2024, la conjoncture vue par le Statec

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Publié le 12.03.2024 à 16h17 Mis à jour le 13.03.2024 à 17h57

Les députés de la Commission des Finances ont reçu des représentants de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Statec) pour échanger au sujet de la situation conjoncturelle dans le cadre des travaux concernant le projet de budget 2024.

Une « succession de chocs économiques interconnectés » explique la situation actuelle, selon les représentants du Statec.

 

Les répercussions de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de la hausse des taux d’intérêt continuent à peser sur la situation économique. Ces éléments font partie du bilan dressé parlé par les représentants du Statec en début de réunion pour expliquer la situation conjoncturelle actuelle.

 

Dans leur exposé en commission parlementaire, ils ont constaté une croissance économique de -1,1% au Luxembourg pour l’année 2023 par rapport à une croissance de + 0,5% au niveau de la zone euro. Les entreprises de construction ont notamment à la fois souffert de problèmes de demandes et de contraintes financières, dont les salaires, qui ont augmenté. La construction et l’immobilier ont été plus affectés au Grand-Duché que dans d’autres pays européens. Parmi les autres acteurs qui ressentent encore davantage les séquelles figurent les agences de voyage. Dans le secteur financier, une baisse est à constater pour les crédits accordés et pour les encours de crédits tant des ménages que des entreprises. Les actifs nets des organismes de placement collectif enregistrent également une baisse. En outre, le marché du travail a été touché par la baisse de l’activité et le chômage est reparti à la hausse en 2023. Malgré l’activité économique récessive, un montant record des soldes d’impôts des sociétés a été constaté au 4ème trimestre de l’année 2023.

 

Les prévisions du Statec à moyen terme

 

Malgré la tendance inflationniste, les salaires réels devraient continuer à progresser notamment en raison de l’index. Quand les boucliers tarifaires sur l’énergie sont levés, on peut par contre s’attendre à une hausse de l’inflation de 1,5%. 

 

Suite à un niveau de l’emploi estimé historiquement bas en 2024, celui-ci pourrait connaître une croissance progressive à partir de l’année 2025, même si certaines évolutions restent encore inconnues à ce stade. Le chômage devrait rester à un niveau élevé en 2024 pour progressivement baisser à moyen terme.

 

Lors des discussions en commission parlementaire, certains députés se sont particulièrement intéressés aux détails des raisons qui ont mené à des soldes d'impôts élevés malgré la situation difficile des entreprises. Ces soldes constituent une partie importante des recettes publiques. Les représentants du Statec ont affirmé ne pas disposer d'informations suffisamment précises des administrations concernées afin de donner des explications détaillées sur ce phénomène.

 

Un député de l’opposition a demandé des détails concernant le potentiel de croissance de l’économie nationale. Les représentants du Statec ont estimé que le potentiel de croissance, qu’ils estimaient auparavant autour de 3% avait été revu à la baisse et qu’il se situait désormais entre 2,5 et 2,75%. Pour expliquer ce changement, ils ont évoqué plusieurs facteurs comme le vieillissement démographique et des incertitudes sur les critères de productivité. Le Statec devra faire une nouvelle analyse de la situation considérant notamment la croissace, la démographie, les salaires et la migration en printemps dans le cadre du programme de stabilité et de croissance (PSC).

 

La Présidente de la Commission des Finances et rapportrice du projet de budget 2024 Diane Adehm s’est informée au sujet de l’emploi dans le secteur financier. Une tendance de ralentissement peut être constatée, selon les représentants du Statec.