« Les défis pour le pays, l’UE et l’OTAN sont énormes »

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Publié le 21.12.2023 à 16h03 Mis à jour le 08.01.2024 à 18h00

Lors de la présentation du volet « Défense » de l’accord de coalition, la ministre Yuriko Backes a souligné « l’importance de ce ressort dans l’actuel contexte géopolitique compliqué ».

Le président de la commission Guy Arendt et la ministre Yuriko Backes.

D’emblée la nouvelle ministre de la Défense a souligné que « les défis auxquels le Luxembourg, l’Union européenne et l’OTAN font face sont considérables étant donné le contexte géopolitique complexe actuel ». Depuis l’agression de la Russie contre l'Ukraine, l’Europe est confrontée à une « menace tangible et symétrique ». De plus, elle doit également faire face à de nouvelles formes de menace telles que les attaques cybernétiques et les enjeux liés à l’espace, a-t-elle encore ajouté face aux membres de la commission parlementaire concernée lors de la présentation de l’accord de coalition ce jeudi matin 21 décembre.

 

De manière générale, les députés ont voulu connaitre les détails des lignes directrices de la défense du pays. Yuriko Backes a dit vouloir continuer dans la continuité de ce que son prédécesseur François Bausch avait présenté au printemps dernier. Interrogée par les députés au sujet des efforts de défense du Luxembourg au sein de l’Alliance transatlantique (OTAN), Yuriko Backes a précisé que l’objectif est d’atteindre 1% du produit intérieur brut (PIB) pour les dépenses en matière de défense au plus tôt à l’horizon 2028, ce qui correspond à 1030 millions d’euros et 1.48% du revenu national brut (RNB). A moyen et à long terme, une feuille de route sera mise en place pour atteindre le seuil des 2% du revenu national brut (RNB). Celle-ci sera présentée aux membres de la commission parlementaire en amont du sommet de l’OTAN prévu à Washington à la mi-juillet 2024.

 

Un député de l’opposition a exprimé sa satisfaction quant à l’engagement de la ministre à poursuivre la même orientation que celle du gouvernement précédent, notamment en ce qui concerne l’objectif de développer des capacités militaires à double usage.

Il a souligné l'importance cruciale du retour sociétal des investissements dans l'effort de défense, en insistant sur le fait que les domaines civils et humanitaires ne doivent en aucun cas être négligés.

Une importante campagne de recrutement, l'aide financière à l'Ukraine, l'hôpital militaire 

Les députés ont encore demandé des informations supplémentaires au sujet de l’annonce de la ministre de vouloir mener une grande campagne de recrutement notamment en vue de la mise en place du bataillon de reconnaissance belgo-luxembourgeois qui devrait être opérationnel en 2030 et dans lequel le Luxembourg doit déployer environ 350 personnes. Un député de l’opposition a voulu connaître la stratégie de la ministre pour éviter de recruter du personnel dans le même vivier que celui de la police ou des douanes. Yuriko Backes a admis que le recrutement constituerait un défi, tout en mettant en évidence que ce défi n’est pas nouveau. Elle a indiqué son intention de donner une orientation différente à la campagne de recrutement en mettant l’accent sur l’attraction de spécialistes et en cherchant à couvrir toutes les carrières (notamment les nouvelles possibilités de carrière dans les groupes de traitement B1 et A2). Yuriko Backes a également mis en avant son désir de vouloir « diversifier » l’armée.

 

Interrogé par un député de l’opposition sur sa position concernant la création d’une « armée européenne » notamment dans le contexte d’une possibilité de revirement de la politique américaine au sein de l’OTAN. Yuriko Backes a répondu que les défis auxquels l’Union européenne est confrontée sont importants et que celle-ci devra à long terme coopérer de manière plus étroite.   

 

Les députés de l’opposition ont insisté pour obtenir davantage de détails sur la volonté du gouvernement d’envisager la création d’un hôpital militaire. La ministre a précisé ne pas avoir à ce stade d’informations supplémentaires et qu’un groupe de travail a été chargé d’analyser les différents besoins et exigences. 

 

Concernant l'aide du Luxembourg accordée à l'Ukraine, les députés ont exprimé le désir de connaître le montant prévu pour l'année 2024. Yuriko Backes a précisé que depuis le début de la guerre en Ukraine, l’aide financière luxembourgeoise à l’Ukraine se chiffre à 150 millions d’euros (70 millions d'euros en 2022 et 80 millions d'euros en 2023) . Elle n’a pas pu fournir le montant exact pour l’année 2024, expliquant que des réunions relatives au budget pour l’année 2024 sont actuellement en cours au sein du gouvernement. Cependant, elle a souligné que « diminuer drastiquement l’aide luxembourgeoise à l’Ukraine serait envoyer le mauvais message ». 

 

Les travaux en commission parlementaire

Dans le cadre de la présentation de l’accord de coalition, Yuriko Backes a encore énuméré les dossiers prioritaires qui devront être traités au sein de la commission de la défense :

  • Projet de loi relative au réaménagement du Camp militaire à Waldhaf (dossier parlementaire 8200) : une commission jointe sera organisée dès janvier 2024.
  • Projet de loi relative au réaménagement du champ de tir au Bleesdall (dossier parlementaire 8323) : une réunion sera organisée dès janvier 2024
  • Projet de loi de financement pour le bataillon binational (véhicules) : une ébauche sera présentée en avril.  
  • Projet de loi de financement pour contribuer au projet de l’OTAN de remplacement des aéronefs AWACS.
  • Projet de loi sur le régime d'indemnisation et de compensation opérationnel de l'Armée luxembourgeoise et portant abrogation de la loi du 22 avril 2009 portant réglementation des compensations et récupérations en faveur du personnel militaire de carrière pour sa participation aux entraînements et instructions militaires ainsi qu'au service de garde (dossier parlementaire 8068)
  • Refonte des textes législatifs ayant trait au régime militaire (juridiction militaire et disciplines)

 

Les ministres Wilmes et Backes répondent aux questions du député de Piraten

Suite à une demande de la sensibilité politique « Piraten » concernant le système d’avancement des agents de l’armée (article 32 de la loi du 7 août 2023 sur l'organisation de l'Armée luxembourgeoise), le ministre de la Fonction publique Serge Wilmes a rejoint la ministre Backes en réunion pour répondre aux questions du député Marc Goergen. Le député voulait savoir si le gouvernement actuel avait changé de position. Il a rappelé que les députés du CSV avaient demandé un vote séparé concernant l’article 32 du projet de loi 7880 sur l’organisation de l’Armée luxembourgeois (contre lequel ils se sont prononcés) et ils avaient introduit une motion (rejetée par le gouvernement précédent). Les deux ministres ont précisé que le nouveau gouvernement se positionne de la même manière que le gouvernement précédant concernant cette question.