Endiguer la présence de stupéfiants en prison

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Publié le 13.01.2021 à 16h59 Mis à jour le 14.07.2022 à 15h51

« Une prison 100% clean est irréaliste ! » C’est ce qu’a constaté d’emblée l’Ombudsman Claudia Monti en sa qualité de contrôleur externe des lieux privatifs de libertés face aux membres de la Commission de la Justice le mercredi 13 janvier 2021 par visioconférence. Suite à une demande du groupe politique CSV, les députés ont discuté avec l’Ombudsman, la Ministre de la Justice Sam Tanson et les responsables du Centre pénitentiaire d’un rapport sur la problématique des drogues en milieu carcéral, publié en décembre 2020 par l’Ombudsman.

 

Si les auteurs soulignent « que les dysfonctionnements graves sur le terrain sont rares, mais aussi que des approches novatrices ont été mises en place », l’Ombudsman formule pourtant 51 recommandations.

Une brigade canine pour Schrassig

Un des points ayant retiré l’attention des députés concerne les efforts entrepris pour endiguer le plus possible la présence de drogues. Il s’agit d’un équilibre difficile, selon les experts, entre une politique d’éradication des stupéfiants et un traitement pénologique qui permet aux détenus de garder des contacts sociaux au sein de la prison et de recevoir des visites, de participer à des formations, des ateliers ou des activités sportives qui sont importantes pour permettre une réinsertion une fois que les détenus retrouvent leur liberté.

 

Dans le but de rendre les contrôles plus efficaces, le Centre pénitentiaire de Schrassig se dotera de ses propres chiens renifleurs, capables de détecter plus d’une vingtaine de substances illicites. Les préparations étant en cours, cette brigade canine interne devrait être opérationnelle dès début 2022.

 

Les modalités de contrôle des visiteurs doivent également être précisées pour éviter davantage que ces derniers puissent ramener, d’une manière ou d’une autre, des stupéfiants dans la prison. Le Ministère de la Justice finalise un règlement grand-ducal en ce sens dans les semaines à venir.

 

Actuellement, quelque 200 détenus à Schrassig sont toxicomanes (la capacité maximale du Centre pénitentiaire est de 597 lits). Les stupéfiants les plus détectés et utilisés en prison sont des cannabinoïdes, selon les responsables. Par ailleurs, l’alcool fait également partie des substances interdites au sein de la prison.

Un tribunal spécialisé ?

D’autres points abordés concernent l’application des peines alternatives ou un recours privilégié à des travaux d’intérêt collectif et un encadrement efficace après la sortie de prison qui éviterait qu’un toxicomane sevré retrouve ses mauvaises habitudes.

 

Une autre recommandation de l’Ombudsman, la création d’un tribunal spécialisé dans le domaine des stupéfiants (des « tribunaux de traitement de la toxicomanie ») ne trouve ni l’appui de la Ministre ni de la majorité des députés. L’objectif d’une meilleure connaissance des problématiques liées au parcours d’un toxicomane pourrait également être atteint par une formation continue poussée des magistrats concernés, a expliqué la Ministre de la Justice aux députés. Selon Sam Tanson, un tribunal spécialisé – à l’instar de ce qui se fait aux États-Unis – ne correspond pas au système judiciaire luxembourgeois.