Liberté de la presse et amitié franco-luxembourgeoise

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Publié le 20.05.2025 à 18h50 Mis à jour le 20.05.2025 à 18h50

Une délégation luxembourgeoise a été reçue à Paris à l’Assemblée nationale, au Sénat et au siège international de Reporters sans frontières (RSF) ce mardi 20 mai.

La délégation luxembourgeoise avec les représentants de Reporters sans frontières.

Le Président de la Chambre des Députés Claude Wiseler, le Vice-Président de la Chambre, Fernand Etgen, le Président de la Commission des Affaires étrangères, Gusty Graas, le Président de la Commission des Médias et des Communications, Félix Eischen, et le membre du Bureau Yves Cruchten ont fait partie de la délégation luxembourgeoise. 

La lutte contre la désinformation au centre des préoccupations chez Reporters sans frontières (RSF)

« L’urgence est réelle », ont affirmé les représentants de Reporters sans frontières (RSF) lors de leur entretien avec la délégation Luxembourgeoise, première rencontre de ce déplacement du 20 mai des députés luxembourgeois à Paris. RSF a notamment présenté récemment son classement de l’état de la liberté de la presse dans le monde. 

 

Parmi les situations mises en avant, le niveau de propagande et d’ingérence, notamment de la Russie, serait « en voie d’industrialisation ». Il faudrait ainsi mettre en place des mesures à la hauteur pour contrer ce phénomène. Le cadre européen serait essentiel, tout comme la mise en place d’un « bouclier démocratique » pour protéger les journalistes.

 

Parmi les chantiers importants évoqués figure le soutien aux médias russes en exil. Il faudrait ainsi, pour les représentants de RSF, leur donner le moyen de toucher leur audience, notamment chez eux, en Russie. Cela passe par exemple par la mise en place de réseaux satellitaires, qui peuvent sembler désuets mais qui sont « craints par les régimes autoritaires » car plus difficiles à bloquer, ont affirmé les représentants de RSF. 

 

Comment sauver Radio Free Europe ?

Le sort de Radio Free Europe (RFE) a également été au centre des échanges. Son existence est notamment menacée car la nouvelle administration américaine a décidé de lui retirer son soutien financier. RFE serait un outil essentiel pour contrer la désinformation du Kremlin, ont affirmé les responsables de RSF.

 

À la question des députés de savoir ce qui devait être fait pour soutenir ce media, les représentants de RSF ont salué la décision tchèque de soutenir financièrement RFE à hauteur de deux millions d’euros. Cette somme est pourtant largement insuffisante pour un média dont le budget annuel représenterait 150 millions d’euros. Les interlocuteurs des députés ont affirmé espérer pouvoir lancer une dynamique prochainement à Prague pour trouver des financements supplémentaires et empêcher le démantèlement du média, qui rendrait toute reconstruction très difficile et serait « une énorme chance pour les dictateurs ».

 

Un point supplémentaire a été celui de l’impact des nouveaux moyens qu’utilisent les jeunes pour s’informer, délaissant les médias traditionnels pour se porter sur les réseaux sociaux qui ne permettent pas une « vision structurée » de l’actualité. Les représentants de RSF ont appelé à une régulation des réseaux, tout en insistant sur le fait que certains créateurs de contenus remplissaient déjà les exigences d’un travail journalistique et qu’il fallait chercher à créer des ponts dans ce domaine. 

Les députés reçus à l’Assemblée nationale et au Sénat 

Dans l’après-midi, la délégation luxembourgeoise a été reçue à l’Assemblée nationale pour un déjeuner de travail avec une délégation de parlementaires français menée par la députée mosellane Isabelle Rauch, Présidente du groupe d’amitié France-Luxembourg de l’Assemblée nationale.

 

La discussion a commencé par un tour d’horizon de la situation en ce qui concerne les conditions de travail des frontaliers français, avec une attention particulière pour la situation en matière de transports, les perspectives d’amélioration en la matière et leur impact sur la volonté des salariés de travailler au Luxembourg. Les échanges ont également porté sur les moyens d’améliorer la collaboration entre la France et le Luxembourg en ce qui concerne les professionnels de santé.

 

En fin d’après-midi, la délégation luxembourgeoise a été reçue au Sénat par le Sénateur Jean-François Husson, Président du groupe d’amitié France-Belgique et Luxembourg au Sénat et le Sénateur Jean-Marie Mizzon, Président délégué pour le Luxembourg. Les sujets de conversation ont été en partie les mêmes que ceux abordés lors de l’échange à l’Assemblée nationale, soulignant l’importance du thème des travailleurs transfrontaliers pour les interlocuteurs français de la délégation luxembourgeoise. 

Une coopération à « renforcer considérablement »

Les sénateurs ont notamment estimé que « la coopération entre les deux pays doit être considérablement renforcée » et qu’il fallait travailler à un véritable espace de vie partagé sur le bassin frontalier. La désertification médicale qui touche la France a été évoquée. Les sénateurs français ont notamment évoqué la situation des médecins, mais aussi des aides-soignants et des assistants de vie. Certains se sont déclarés favorables à la mise en place de formations communes transfrontalières, afin de créer des synergies dans le domaine médical entre les deux pays. 

 

Le Président de la Chambre Claude Wiseler a reconnu l’importance qu’ont eu les professionnels médicaux français pour le Luxembourg, notamment pendant la crise du covid. Il s’est engagé à poursuivre le dialogue et à transmettre les réflexions sur les différents sujets qui ont été abordés lors des réunions de cette visite à Paris aux interlocuteurs compétents, notamment auprès du gouvernement. 

 

D’autres sujets ont été abordés lors de l’échange, comme celui de la future réforme des retraites au Luxembourg ou encore le bilan de la gratuité des transports en commun, toujours au Luxembourg.