L'effort de défense du Luxembourg

Note de recherche scientifique
Publié le 29.05.2024 à 09h00 Mis à jour le 29.05.2024 à 09h41

Cette note de recherche de la Cellule scientifique vise à analyser l’effort de défense du Luxembourg, à le comparer à celui d’autres alliés de l’OTAN, et à examiner s’il existe des alternatives à son calcul.

OTAN Drapeaux c
© OTAN, CC BY-NC-ND 2.0 DEED
Résumé des principaux éléments
  • La Cellule scientifique a été saisie d’une requête pour analyser l’effort de défense du Luxembourg, pour le comparer à celui d’autres alliés de l’OTAN, et pour examiner s’il existe des alternatives à son calcul.
  • L’effort de défense du Grand-Duché a toujours été lié au contexte national et international.
  • Les relations entre le Luxembourg et l’OTAN ont été marquées par des moments de dissension, notamment en raison de l’abolition du service militaire obligatoire en 1967.
  • En comparaison des autres alliés OTAN (excepté l’Islande), le Luxembourg a toujours été placé dernier en matière d’efforts de défense en pourcentage du PIB (produit intérieur brut). L’effort de défense du Luxembourg a connu un pic dans les années 1950, avec des dépenses dépassant 2% du PIB, mais ce niveau de dépenses n’a pas pu être maintenu durablement.
  • Avec la fin de la Guerre froide, les pays de l’OTAN ont progressivement réduit leurs efforts de défense. L’OTAN a réorienté sa stratégie pour se consacrer, entre autres, aux opérations de maintien de la paix (OMP).
  • De nombreuses études sur les efforts de défense des pays de l’OTAN s’intéressent, entre autres, au partage du fardeau (burden-sharing) et au parasitisme (free-riding) au sein de l’alliance.
  • Suivant la théorie économique des alliances, l’Alliance atlantique produit un bien collectif, à savoir la sécurité collective, qui profite à tous les alliés, peu importe leurs contributions.
  • Le parasitisme désigne généralement une situation dans laquelle il est estimé qu’un allié ne contribue pas assez à l’OTAN, tout en profitant du bien collectif produit par l’Alliance. Or, plusieurs auteurs ont souligné les difficultés de vérifier la présence ou non de parasitisme, en fonction de la méthodologie, des facteurs considérés et de la perspective adoptée.
  • La littérature académique a examiné une multitude de facteurs économiques, sécuritaires, géopolitiques ou institutionnels potentiels pouvant influencer les efforts de défense des pays.
  • L’indicateur du PIB utilisé pour mesurer les efforts de défense des pays de l’OTAN dans les débats publics n’est qu’un indicateur parmi d’autres indicateurs (non-publics) dans la planification interne de l’OTAN, à savoir le Nato Defence Planning Process (NDPP).
  • Afin de faire reconnaître les efforts de défense auprès de l’OTAN, les pays membres doivent motiver et légitimer ceux-ci, selon des critères internes qui ne sont pas publics. Hormis la catégorisation générale des efforts de défense, il n’est pas possible de présenter une ventilation détaillée des dépenses en raison de leur confidentialité.
  • L’objectif des 2% du PIB présente aussi bien des avantages que des désavantages. S’il permet, entre autres, une comparaison facile et utile au débat politique, il simplifie une réalité plus complexe et ignore d’autres facteurs, tels que la qualité des investissements. Certains auteurs estiment que cet objectif n’a d’impact réel que si les grands pays de l’OTAN le respectent, les petites nations n’ayant guère de poids dans l’effort de défense global de l’OTAN.
  • Le Luxembourg est un pays peu étudié, parfois même exclu du jeu de données utilisé par les chercheurs pour comparer les efforts de défense. La littérature sur l’effort de défense du Luxembourg est très limitée. Une analyse consacrée au Grand-Duché qualifie le pays de « no-capability NATO nation », ne disposant pas de moyens propres pour défendre son territoire.
  • Depuis le sommet de Vilnius en 2023, le Luxembourg peut utiliser le RNB (revenu national brut) au lieu du PIB comme indicateur, plus représentatif de la situation économique du Grand-Duché. Son RNB étant inférieur à son PIB, cela réduit son objectif de dépenses de défense en valeur absolue.
  • Dans la littérature consultée, le RNB n’est pas envisagé comme alternative, et il n’est pas considéré dans les jeux de données des chercheurs ou dans les statistiques de l’OTAN et du SIPRI.
  • La considération du RNB, ou d’autres indicateurs quantitatifs suggérés (tels que le calcul de l’effort de défense par rapport au PIB/habitant, ou au PIB/habitant en considérant les travailleurs frontaliers), augmente l’effort de défense perçu du Luxembourg, mais n’améliore pas sa position dans les classements.

 

Cette note de recherche a été réalisée par la Cellule scientifique de la Chambre des Députés pour répondre à une demande soumise par le député Sven Clement.