L’esprit de Rabat : l’espoir d’un consensus

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Publié le 21.02.2024 à 14h45 Mis à jour le 18.03.2024 à 09h50

Plus de deux ans après la dernière assemblée plénière, les représentants de l’AP-UpM ont été conviés par la Chambre des représentants marocaine à Rabat du 15 au 16 février 2024. Ces deux jours ont eu comme trame la coopération euro-méditerranéenne au 21e siècle. Le conflit israélo-palestinien s’est retrouvé en plein cœur de ce contexte. Rawhi Fattuh, président du Conseil national palestinien a assisté aux échanges, tandis que la délégation israélienne a manqué au rendez-vous.

Mars Di Bartolomeo, vice-président de la Chambre des Députés et Simone Beissel, présidente de la délégation luxembourgeoise, ont représenté le Grand-Duché. Marc Angel a coprésidé la réunion dans sa fonction de vice-président du Parlement européen.

De gauche à droite : Marc Angel, vice-président du Parlement européen, Simone Beissel, présidente de la délégation luxembourgeoise ; Mars Di Bartolomeo, vice-président de la Chambre des Députés

Proche-Orient

L’ordre du jour de la commission des affaires politiques contenait une recommandation rédigée en 2022. Vu l’obsolescence du texte, la présidence a proposé de voter ce texte en l’état et de tenir un débat général sur les derniers développements géopolitiques dans la région. La délégation luxembourgeoise s’est abstenue lors du vote de la recommandation qui portait sur la coopération dans le domaine de l’énergie, de la sécurité alimentaire, de la paix et de la stabilité. S’étant récemment entretenu avec les familles des victimes israéliennes et palestiniennes, Mars Di Bartolomeo a fait noter l’aspiration des deux peuples de vivre ensemble en paix.  Il a condamné les attentats terroristes commis par le Hamas contre Israël en date du 7 octobre avec la plus grande fermeté,  tout comme la réaction militaire israélienne qu’il a jugé disproportionnée. Le député luxembourgeois a réclamé un cessez-le-feu immédiat et a demandé la libération inconditionnelle de l’ensemble des otages. Dépassé par l’actualité, il a déploré le blocage d’un port par les autorité israéliennes, un couloir destiné à l’aide humanitaire. Lors de son intervention, il a encore salué les efforts de médiation de certains pays avoisinants et a en même temps assimilé l’ingérence d’autres pays voisins à des « complices du carnage ». Dans ses propos finaux, il a insisté sur la nécessité d’écarter toute langue de bois pour parvenir à la seule résolution viable et durable du conflit, à savoir celle des deux Etats.

Les échanges autour d’une déclaration commune au Sommet des Présidents de l’AP-UpM ont été de longue haleine. En tant que dernier orateur, Mars Di Bartolomeo s’est essayé dans un travail de compromis en brandissant à plusieurs reprises un carton rouge symbolique pour condamner les attaques des deux parties du conflit israélo-palestinien. Le président de la Chambre des représentants du Royaume du Maroc, Rachid Talbi El Alami, s’est félicité de ce qu’il a bâptisé « l’esprit de Rabat », c’est-à-dire le déroulement amiable des échanges. L’élu luxembourgeois a été honoré pour son intervention et appelé à présenter la déclaration finale le lendemain lors de la plénière de l’assemblée.

Défis méditerranéens communs

Depuis le processus de Barcelone, engagé en 1995, l’Union pour la Méditerranée engendre les dialogues politiques et culturels entre les deux rives. La région méditerranéenne a, ces dernières années, particulièrement souffert des chocs. Les crises ont révélé la fragilité de cet espace où les enjeux sont communs. Le taux de chômage disproportionné des jeunes et la gestion des flux migratoires constituent des problèmes majeurs nécessitant une approche commune. Ce même esprit de coopération doit prévaloir dans la lutte contre les changements climatiques. La Méditerranée en est le point névralgique. D’autres efforts doivent encore être entrepris dans l’inclusion vers une société sans violence à l’égard du genre, de l’orientation sexuelle et de la race. Une note conceptuelle a été présentée par la commission des droits des femmes visant plus spécifiquement l’accès des filles et des femmes aux disciplines et aux professions dites STIM (science, technologie, ingénierie, mathématiques). Le vice-président du Parlement européen a terminé sur une note d’espoir en citant Albert Camus : « la paix est le seul combat qui vaille d’être mené ».

Présidence tournante

Après cette session plénière, la présidence est revenue au parlement espagnol, qui assumera celle-ci jusqu’au 31 décembre 2024. La Chambre des représentants égyptienne exercera la présidence pour l’année 2025. Celle-ci clora le quatuor de présidences tournantes formé par les membres du Bureau : Parlement européen, Maroc, Espagne et Egypte. Le Parlement européen siège comme membre permanent du Bureau. Un mandat est réservé à un Etat membre de l’Union européenne, tandis que deux autres reviennent à des pays de la rive Sud de la Méditerranée.