Le combat contre la traite des êtres humains continue

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Publié le 24.03.2023 à 17h43 Mis à jour le 31.05.2023 à 17h12

Un peu plus de la moitié des victimes de la traite des êtres humains au Luxembourg provient de pays tiers. La plupart de ces victimes sont des hommes qui sont exploités professionnellement. La Coordinatrice européenne de la lutte contre la traite des êtres humains Diane Schmitt était en visite à la Chambre ce vendredi 24 mars 2023. Elle a partagé ses observations concernant la lutte contre la traite des êtres humains au niveau national, européen et international avec les députés.

La Coordinatrice européenne pour la lutte contre la traite des êtres humains Diane Schmitt avec des membres du Bureau, des commissions de la Justice et des Affaires étrangères et des représentants de la Commission consultative des droits de l'homme

 

Au Luxembourg, le nombre de victimes de l’exploitation par le travail dépasse celui des victimes de l’exploitation sexuelle. Le Grand-Duché se distingue à cet égard de la majorité des autres États membres de l’Union européenne (UE) où l’exploitation sexuelle est prédominante et où la plupart des victimes sont des femmes et des filles. Au niveau de l’UE, il peut également être constaté que les chiffres de l’exploitation par le travail augmentent par rapport à ceux de l’exploitation sexuelle. Ceci peut être expliqué par le fait qu’il est devenu plus difficile de détecter les victimes de l’exploitation sexuelle qui se déroule davantage dans des espaces privatifs depuis la pandémie de Covid-19, selon les explications de la Coordinatrice européenne de la lutte contre la traite des êtres humains. La criminalité forcée et la mendicité forcée sont quant à elles en augmentation, précise Diane Schmitt.

 

Diane Schmitt a par ailleurs expliqué que la traite humaine consiste en un acte intentionnel (recrutement, transport, hébergement ou autre) commis par le recours à la menace, à la force ou à une autre forme de contrainte afin d’exploiter une personne. Le travail illégal ne constitue ainsi pas nécessairement de la traite des êtres humains, a-t-elle précisé suite à la question d’une députée. Les priorités dans la lutte contre la traite des êtres humains seraient entre autres la prévention qui inclut la sensibilisation au sujet, la coopération policière et judiciaire, la protection des victimes et la coopération internationale avec les pays tiers.

 

Mise à jour de la directive contre la traite  

 

La Coordinatrice européenne a également parlé des travaux qui sont actuellement en cours afin de préciser la directive européenne concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes (2011/36/EU). La Commission européenne a notamment proposé d’y inclure :

  • le mariage forcé,
  • les infractions de traite des êtres humains commises en ligne ou facilitées avec des moyens en ligne,
  • des sanctions obligatoires à l’encontre des entreprises responsables d'infractions dans le domaine de la traite des êtres humains,
  • des sanctions obligatoires à l’encontre des personnes ayant utilisé des services des victimes en toute connaissance de cause.

 

Lors des discussions, les députés se sont notamment intéressés aux mesures qui pourraient être prises afin d’améliorer les procédures de lutte contre la traite des êtres humains au Luxembourg et en Europe. Diane Schmitt a attiré l’attention des députés sur une pénurie de professionnels spécialisés. Selon la Coordinatrice européenne, entre autres plus de professionnels du domaine judicaire devraient suivre des formations concernant le travail avec les victimes. Souvent les victimes seraient traumatisées et ne se prononceraient pas contre l’auteur des infractions. Elle a cependant aussi salué les efforts entrepris par l’Inspection du travail et des mines (ITM) ces dernières années qui s’implique désormais plus dans la lutte contre l’exploitation par le travail. Un des députés a souligné que l’ITM a aussi résolu sa pénurie de personnel spécialisé. Une députée a encore voulu savoir si une politique de simplification de la régularisation des étrangers serait de nature à endiguer le phénomène de traite. Diane Schmitt a expliqué qu’il ne serait pas possible de le dire avec certitude, et a précisé que beaucoup de victimes sont des ressortissants de l’UE ou des ressortissants de pays tiers avec des papiers en règle.

 

En 2021 quatre personnes ont été poursuivies au Luxembourg dans des affaires de traite, selon la Coordinatrice européenne.