« Si l’Ukraine perd, la menace pour la Pologne et les pays baltes sera réelle »

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Publié le 06.05.2024 à 16h47 Mis à jour le 06.05.2024 à 16h47

La situation en Ukraine a été le sujet principal d’un échange entre les députés et des membres de la Diète de Pologne (Sejm) et du Sénat de la République de Pologne.

« Il faut un front diplomatique uni contre ceux qui violent les droits de l’homme et nous devons montrer notre support total pour l’Ukraine ». C’est ce qu’a affirmé le Président de la Chambre des Députés Claude Wiseler lors de son introduction avant un échange avec des représentants polonais ce lundi 6 mai. La Chambre des Députés était représentée pour cette visite de travail par des membres du Bureau et de la Commission des Affaires étrangères et européennes.

 

La situation en Ukraine est restée au centre des discussions pendant pratiquement toute l’heure qu’a duré cette rencontre qui s’inscrivait dans le cadre de la diplomatie parlementaire.

 

Sur l’élargissement de l’Union européenne et la candidature de l’Ukraine

 

Les députés luxembourgeois ont voulu savoir quelle était la position actuelle de la Pologne sur l’élargissement de l’Union européenne et sous quelles conditions leurs interlocuteurs pouvaient envisager l’adhésion de l’Ukraine.

 

Radosław Fogiel, Vice-président de la Commission des affaires étrangères du Sejm, a affirmé dans ce contexte que les Polonais étaient majoritairement très en faveur de l’élargissement, notamment à la suite de leur propre adhésion, après avoir été « piégés du mauvais côté du rideau de fer pendant 50 ans ». C’est pour cela, a-t-il expliqué, que « nous étions parmi les premiers à vouloir attribuer le statut de candidat à l’Ukraine, car nous voyons tout ce processus comme un facteur important, même au niveau du moral du pays ». Il a cependant insisté sur le fait que, même dans le cas de l’Ukraine, on ne pouvait pas transiger sur les critères d’adhésion et que des défis demeuraient dans ce domaine.

 

Le changement de majorité politique en Pologne n’aurait quant à lui rien changé à la volonté globale de la Pologne de venir en aide à l’Ukraine, une position qui serait transpartisane.

La Pologne se prépare à un conflit potentiel

 

Les députés ont interrogé leurs interlocuteurs polonais sur leur perception de la réalité de la menace que représente une attaque de la Russie contre la Pologne. Krzysztof Truskolaski, Vice-président de la Commission des affaires de l'Union européenne du Sejm, a affirmé dans ce contexte que « si l’Ukraine perd, la menace pour la Pologne et les pays baltes sera réelle ». Et Krzysztof Truskolaski de souligner que peu croyaient que la Russie allait attaquer l’Ukraine avant le début du conflit.

 

Il a encore affirmé que les représentants polonais étaient assez certains du fait que si l’Ukraine venait à tomber, Vladimir Poutine testerait l’OTAN par plusieurs moyens, par exemple en se servant des minorités ethniques russes présentes sur d’autres territoires. Un autre point soulevé par le représentant polonais est celui de la Biélorussie, dont « il ne faut pas oublier le rôle » dans la situation actuelle et qui mérite « de se voir infliger les mêmes sanctions » que la Russie. Point encourageant, Krzysztof Truskolaski s’est réjoui du déblocage récent par le Congrès des États-Unis de l’aide américaine à l’Ukraine, qui manque selon lui surtout de munitions.

 

Faut-il utiliser les avoirs gelés russes pour aider l’Ukraine ?

 

Cette question se pose depuis le début de la mise en place de sanctions contre la Russie. Les représentants polonais ont interrogé les députés luxembourgeois au sujet de leur avis en la matière. Plusieurs avis se sont dégagés côté luxembourgeois. Un député de l’opposition a souligné que la saisie de tels avoirs, « protégés par l’immunité diplomatique » représenterait un danger. Ce député a également dit craindre des représailles contre des avoir détenus par des occidentaux en Russie.

 

Un autre député de l’opposition s’est quant à lui dit ouvert à la discussion sur l’utilisation des avoirs russes, affirmant « qu’il ne faut pas se cacher derrière les intérêts de la place financière » et soulignant que « quiconque dispose encore d’avoirs en Russie connait les risques qu’il encourt ».

 

Au sujet de la création d’une armée européenne, les représentants polonais se sont dit réticents aux idées qui verraient l’OTAN remplacée par une autre structure. Ils ont cependant affirmé qu’une force de réponse commune serait utile, notamment dans un contexte international dans lequel les alliés de l’Europe attendent davantage de sa part en matière de défense.  

 

Marcin Gwóźdź, Membre de la Commission des affaires de l'Union européenne du Sejm, a affirmé qu’il voyait un autre problème en Europe dû au fait que « nous n’avons pas assez d’usines d’armement. Il en faut pour assurer notre sécurité ».